;-) clin d'oeil en rébus aux anciens apothicaires
A la manière d'un Mémento, ce Blog rassemble pour mon usage personnel, des Informations, des Liens, des Actualités, des Rappels réglementaires et des Remarques personnelles. Mais comme cet ensemble didactique rapide peut aussi être utile à d'autres pharmaciens d'officine, je le laisse en ligne afin qu'il soit consultable. Et je remercie dès maintenant les éventuels lecteurs qui laisseront des commentaires et leurs remarques pour me permettre de faire les mises à jour nécessaires, les améliorations et les corrections souhaitables.

mardi, février 03, 2015

Ipéca


Les premiers usages connus de l’ipéca datent du XVIIe siècle
Source http://www.lequotidiendupharmacien.fr/article/2015/01/29/une-racine-bresilienne-contre-la-dysenterie_198726#sthash.IR0w8TvM.dpuf

Si l'on soupçonne que l’igpecaya décrit par le géographe anglais Samuel Purchas (1575-1626) dans un ouvrage publié à Londres en 1625 puisse être l’ipécacuana (ou ipéca), c’est cependant avec le médecin hollandais Willem Piso (1611-1678) que débuta l’histoire de cette plante en Occident. Il observa une racine aux vertus quasiment miraculeuses, couramment utilisée par les sociétés indiennes pour traiter la dysenterie, alors qu’il accompagnait une expédition qui, de 1637 à 1644, visita les colonies néerlandaises de l’actuel Brésil. Piso consacra un chapitre entier à cette plante (« De ipécacuana ejusque facultatibus ») dans son Historia Naturalis Brasiliae (1648). Le botaniste anglais Nicholas Culpeper (1616-1654) l’évoqua à son tour cinq ans plus tard dans son Complete Herbal & English Physician.

Pour autant, la fabuleuse « racine brésilienne » ne fut guère utilisée en Europe avant une quarantaine d’années même si deux pharmaciens parisiens, Claquenelle et son gendre Poulain, en proposèrent dès 1650. Un médecin nommé Legras, en ayant ramené du Brésil en 1672, traita ses patients avec de trop fortes doses et ceux-ci expérimentèrent surtout sa toxicité.
C’est dans ce contexte qu’un marchand, Grenier, ayant cependant compris l’intérêt de la racine, en importa quelque 80 kg. Souhaitant crédibiliser son négoce et faire oublier l’infortune de Legras, il s’associa à un jeune médecin hollandais exerçant à Paris, Jean-Adrien Helvetius (1661-1727), pour promouvoir l’ipéca sous forme d’un remède « secret ». « Helvetius l’expérimenta d’abord sur des hommes obscurs ; puis sur des gens d’une condition élevée, puis enfin sur le Dauphin lui-même qu’il guérit d’un flux de sang, et il obtint alors de Louis XIV l’autorisation de faire à l’Hôtel-Dieu de Paris des expériences publiques sur les vertus antidysentériques de son arcane » : Armand Trousseau narra ainsi plaisamment dans son « Traité de thérapeutique et de matière médicale » (1875) le cheminement qui permit à Helvetius d’annoncer par voie d’affiche dans toute la capitale la qualité du remède « secret » pour lequel il venait d’obtenir une patente exclusive. Le roi lui offrit 1 000 Louis d’or en échange de la formule de la préparation. Mais les choses n’en restèrent pas là. Grenier, tenu éloigné des honneurs par Helvetius, lui intenta un procès qu’il perdit : de dépit, il révéla le secret de l’ipéca dans tout Paris…
Populaire jusqu’à l’imitation.
La racine d’ipécacuana se popularisa dans les pharmacopées au XVIIIe siècle, à une époque où la dysenterie était fréquente (on sait depuis qu’il s’agit d’un amœbicide et d’un émétique). Son extrait ou sa poudre furent intégrés à des formules magistrales parmi les plus emblématiques du moment (poudre de Dower, sirop de Desessartz, etc.). Cette popularité expliqua de nombreuses falsifications et l’emploi du terme d’« ipécacuana » pour toute plante vomitogène. Depuis, l’ipéca a connu des jours plus sombres dans de nombreux pays comme la France, où un index thérapeutique défavorable explique qu’il ne soit plus utilisé comme émétique depuis 1980.

Aucun commentaire: