;-) clin d'oeil en rébus aux anciens apothicaires
A la manière d'un Mémento, ce Blog rassemble pour mon usage personnel, des Informations, des Liens, des Actualités, des Rappels réglementaires et des Remarques personnelles. Mais comme cet ensemble didactique rapide peut aussi être utile à d'autres pharmaciens d'officine, je le laisse en ligne afin qu'il soit consultable. Et je remercie dès maintenant les éventuels lecteurs qui laisseront des commentaires et leurs remarques pour me permettre de faire les mises à jour nécessaires, les améliorations et les corrections souhaitables.

jeudi, août 26, 2010

ORGANIGRAMME DRASS RHÔNE-ALPES

Dénaturation et Destruction des stupéfiants

Le sujet est épineux et complexe, je vous renvoie donc à la procédure concernant la destruction et la dénaturation des stupéfiants de l'Ordre. Sa date de rédaction, 22 juin 2010, est récente.

Caféine & grossesse

Caféine : quelle dose possible chez la femme enceinte ?
E-santé, semaine du 23 août, www.e-sante.fr

Le café et les boissons à base de caféine sont à consommer avec modération pendant la grossesse. La caféine augmente, en effet, le risque de fausses couches et de naissance avant terme. ...
Le Collège américain des obstétriciens et gynécologues a récemment fixé la dose de caféine que l'on peut absorber sans risque pour le foetus. Il recommande de ne pas dépasser 200 milligrammes, ce qui correspond à deux tasses de café de 150 ml. Il s'agit précisément de la quantité moyenne de caféine absorbée par les Français. ... On évitera toutefois la consommation de boissons riches en caféine après 16 heures, en raison de leur effet excitant qui peut rendre l'endormissement difficile. Enfin, les futures mamans ont tout intérêt à connaître la teneur en caféine d'autres boissons pour ne prendre aucun risque : il faut donc savoir que le thé contient environ 30 mg de caféine environ par tasse, les sodas à base de caféine (comme le cola) 60 mg par verre de 200 ml, le chocolat chaud 4 mg par tasse et les boissons énergisantes au moins 80 mg par canette.

dimanche, août 08, 2010

Les fleurs du bien

Par Martine Betti-Cusso 06/08/2010
Herbiers de grands-mères et manuels d'herboristes deviennent, pour les laboratoires, une extraordinaire source de substances pour des médicaments de pointe.
La nature est meilleure chimiste que l'homme. Elle recèle une véritable armoire à pharmacie que l'on redécouvre aujourd'hui. Après l'ère du médicament de synthèse, 100% chimique, beaucoup sont tentés par des traitements plus naturels. Issus d'un jardin thérapeutique où tout ne serait qu'«ordre et beauté, luxe, calme et volupté»...
Passiflore, valériane, lavande ou violette... ne composent pas seulement un joli bouquet champêtre. Elles constituent également des remèdes pour nombre de nos maux quotidiens. Alors que l'écologie est en vogue, on semble redécouvrir les propriétés médicinales de notre flore, après des décennies de désamour. Il était temps de mettre fin à cette méprise linguistique populaire qui avait insidieusement transformé les remèdes ancestraux de bona fama - en latin «de bonne réputation» - en remèdes de «bonne femme», reléguant ainsi les potions d'Hippocrate au rang des modestes recettes de Rika Zaraï. Tout un symbole...
C'est pourtant depuis la nuit des temps que l'homme collecte dans la nature de quoi se soigner. Déjà, les Egyptiens connaissaient les effets diurétiques de la scille et les pouvoirs calmants de l'opium, extrait du pavot. Le premier «traité de médecine», le Papyrus Ebers, date de 1600 ans avant notre ère et recense 800 préparations à base de plantes et de minéraux. Une médecine naturelle qui n'a cessé de s'enrichir au fil du temps et des cultures, par tradition orale mais aussi par tradition écrite, avec les ouvrages d'Hippocrate, de Pline l'Ancien, de Galien, puis des ecclésiastiques du Moyen Age, qui cultivaient dans leurs monastères leur jardin des simples. Les médecins perses et arabes, puis les grandes expéditions vers l'Orient et l'Amérique sont venus étoffer cette science empirique... Aujourd'hui encore, plus de la moitié des médicaments utilisés ont une origine végétale.
Mais comment les Anciens, dotés de moyens plus que rudimentaires, ont-ils pu percer le secret de ces végétaux? En se plantant devant et en les observant des siècles durant. Jusqu'à élaborer une théorie déconcertante, fondée sur la signature des plantes, que Paracelse (médecin et alchimiste suisse du XVIe siècle) va populariser: similia similibus curantur (les semblables soignent les semblables). Une plante manifesterait par un signe les propriétés qu'elle possède ou l'organe qu'elle soigne, signe que seuls les sages savent interpréter. Ce peut être dans sa forme, sa couleur ou son mode de vie. Un modelé cordiforme pourrait révéler des vertus généreuses pour le cœur, une teinte pourpre signifier une action sur la circulation sanguine, un terreau froid et humide annoncer un effet anti-inflammatoire. Dame Nature est facétieuse. Le remède se mérite. Il faut d'abord résoudre l'énigme.
« C'est ainsi, raconte le Pr Jean-Marie Pelt, botaniste et président de l'Institut européen d'écologie, qu'au XVIII e siècle, le révérend britannique Edward Stone remarque que le saule ne semble pas souffrir de pousser les pieds dans l'eau. Se fondant sur la doctrine des signatures, il présume que l'écorce du saule pourrait protéger des refroidissements. »
Effectivement, celle-ci est dotée d'une molécule, la salicyline, révélée bien plus tard, et efficace contre les états fiévreux. Cette même molécule fut repérée dans les bourgeons de la délicate reine-des-prés, qui s'épanouit sur les terres humides. Elle offrira l'acide salicylique, à l'origine de l'aspirine.
« La flore est enracinée dans son environnement, et doit donc s'y s'adapter, en développant des défenses pour se prémunir des prédateurs et autres facteurs de risques pour sa survie », explique Claude Fromageot, directeur du centre de recherche Yves Rocher. Et la plante de sécréter sucs, corpuscules et autres floricoles qui servent à la protection de son organisme... comme du nôtre.
A notre époque encore, chercheurs et botanistes utilisent cette approche pour pister des particules aux propriétés prometteuses. C'est après avoir noté que l'aphloïa possédait de forts concentrés de mangiférine, un composé anti-oxydant qui lui permet de résister au rayonnement solaire, qu'Yves Rocher a intégré cette plante dans ses crèmes protectrices. Mais les scientifiques disposent d'outils perfectionnés pour déceler les principes actifs bienfaisants. Et d'études scientifiques pour en attester les effets supposés. « Dans la grande majorité des cas, constate Jean-Marie Pelt, celles-ci ont confirmé les observations des Anciens. » Mais il reste beaucoup à apprendre. Sur les 800.000 espèces végétales dont 300.000 plantes à fleurs que compterait notre planète, 250.000 ont été répertoriées et à peine 3 000 étudiées. Tout un champ de connaissances à défricher et à déchiffrer.
Longtemps, la plante a été appréhendée dans son totum, c'est-à-dire dans tout ou partie de ses éléments. Sans les dissocier. Ce qui est toujours le cas, aujourd'hui, en phytothérapie. Mais les chimistes des XIXe et XXe siècles sont parvenus à isoler et à extraire des composés spécifiques des tiges, racines, feuilles ou sommités fleuries. Ils les ont traitées, modifiées pour en optimiser les vertus ou en diminuer la toxicité. Ils les ont aussi synthétisées et copiées chimiquement, avec, pour objectif, d'en contrôler les dosages et de les reproduire en quantité. La médecine a fait des pas de géant. Une nouvelle ère s'est alors ouverte.
Herbiers de grands-mères et manuels d'herboristes deviennent, pour les laboratoires, une extraordinaire source de substances pour des médicaments de pointe. Les feuilles de l'if et la pervenche de Madagascar sécrètent des alcaloïdes anticancéreux, la digitale pourprée dispose de digitaline, un excellent cardiotonique... Cette « révolution pharmacobiologique » n'a pas été sans dégâts. L'if a failli disparaître purement et simplement de la surface du globe, tant il était arraché et exploité.
C'est la ruée vers l'or vert, essentiellement menée dans les pays de la zone intertropicale, les plus riches en variétés végétales. Des nuées de chercheurs butinent la biodiversité de territoires entiers pour collecter le maximum d'échantillons. Il faut tester 100.000 molécules pour en débusquer une ou deux prodigieuses. Ils font également appel au savoir de guérisseurs. Une nouvelle science émerge : l'ethnopharmacologie, que certains comparent à l'espionnage médicinal... Le fait est que, durant des décennies, la prospection et l'exploitation végétales se sont faites au seul profit des laboratoires et des industriels, sans contrepartie pour l'Etat d'origine de la plante, jusqu'à ce que la convention de Rio impose « un partage juste et équitable des avantages découlant de l'exploitation des ressources génétiques ».
Mais, comme le déplore Jean-Marie Pelt, « il subsiste encore des entreprises qui contournent les règles du jeu et s'inspirent des molécules naturelles pour fabriquer et breveter des collections de molécules voisines ». On ne jure plus alors que par la molécule de synthèse, et l'on supprime, en 1941, le diplôme d'herboriste. La phytothérapie, jugée peu active et peu fiable, est réduite au rôle de cousin de province. C'était sans compter avec le retour en force dudit cousin, lorsqu'il fut constaté que dissocier une propriété des autres pouvait engendrer un déséquilibre et des effets secondaires déplaisants, que ne connaissait pas la version douce de l'emploi des plantes dans leur ensemble. La synergie des composés ne brusque pas les organismes. Si l'homme est chimiste, la nature est alchimiste. Et ses présents naturels valent de l'or. « Nombreux sont ceux qui demandent, en consultation, des soins par les plantes, constate le Dr Laurent Chevallier, nutritionniste et phytothérapeute. Pour remédier aux petits maux quotidiens, prévenir des pathologies chroniques ou soulager les effets secondaires de traitements lourds. La réponse n'est pas toujours adaptée. Les médecins ne sont pas formés à l'usage des plantes, discipline qui a disparu de l'enseignement obligatoire. Elle devrait pourtant faire partie du panel thérapeutique de chaque médecin. »
D'autant que, depuis 2008, près de 150 plantes sont en vente libre, hors officines. Proposées en grandes surfaces, sur internet, sans conseils ni précautions d'emploi. De quoi jouer les apprentis sorciers. En effet, ce qui est naturel n'est pas sans danger. La flore a des épines. La plupart des plantes dont sont issus de grands médicaments sont d'une toxicité foudroyante. Et d'autres plus anodines, prises en excès ou mal à propos, ont des effets indésirables... Sans omettre les risques d'interactions avec d'autres traitements et, notamment, les médicaments anticancéreux. Récemment, les oncologues ont mis en garde les patients contre un emploi inconsidéré du millepertuis, de la « primevère du soir » (onagre), du ginkgo biloba, du thé vert ou du chardon-marie... Il ne faudrait pas que les plantes de bona fama y perdent leur bonne réputation.
Jean-Marie Pelt est l'auteur de nombreux ouvrages sur les plantes, parmi lesquels Les Dons précieux de la nature (Fayard) et Quelle écologie pour demain?(L'Esprit du temps)

Le guide des plantes qui font du bien

Par Martine Betti-Cusso 06/08/2010
Plus de la moitié de nos médicaments proviennent des plantes. Elles sont à l'origine de traitements couramment utilisés pour soigner des pathologies graves, tels les cancers, les maladies cardio-vasculaires, le paludisme... Mais gare aux amateurs: elles ne sont pas à prendre en automédication car souvent hautement toxiques. Tour d'horizon des stars de la pharmacopée avec les Editions Le Vidal* "Le Guide des plantes qui soignent", Editions Le Vidal. A paraître en septembre.
1 - DE PETITES FLEURS POUR DE GRANDS MAUX
LA PERVENCHE DE MADAGASCAR (Catharanthus roseus)(Gilles Mermet)
Contre les leucémies, les cancers du poumon, du sein, de la vessie
Cette petite fleur délicate originaire de Madagascar recèle des myriades de molécules, dont la vinblastine utilisée pour soigner les leucémies et la vincristine destinée à traiter la maladie de Hodgkin. En 1972, l'équipe du Pr Pierre Potier, de l'Institut de chimie des substances naturelles du CNRS, met au point un procédé de synthèse de ces molécules et obtient ainsi la vinorelbine, qui traite les cancers bronchiques et les cancers du sein. Plus récemment, des chercheurs de l'université de Poitiers sont parvenus à synthétiser une autre molécule, la vinflunine, pour un nouveau traitement contre le cancer de la vessie. La pervenche de Madagascar ne peut s'employer telle quelle, ses propriétés antitumorales s'accompagnant d'une forte toxicité. La coquette fait cependant la joie des jardiniers par sa faculté à fleurir dès qu'elle se trouve une place au soleil.
LA DIGITALE POURPRÉE (Digitalis purpurea)
Contre les maladies cardio-vasculaires
Surnommée gant de Notre-Dame, de bergère ou doigtier, cette plante majestueuse, qui embellit nos jardins, doit son nom à la forme en doigt de gant de ses fleurs de couleur rose pourpre. Plusieurs molécules ont été isolées de ses feuilles pour traiter les troubles cardio-vasculaires et notamment la digoxine, laquelle est un régulateur de la fonction cardiaque. Les médicaments à base de digitale ne sont accessibles que sur ordonnance. La belle est à prendre avec des gants. Car à haute dose, ce cardiotonique s'avère un cardiotoxique entraînant des troubles visuels. Selon l'hypothèse de chercheurs, une intoxication à la digitale pourrait être à l'origine des déformations visuelles dont souffrait Vincent Van Gogh à la fin de sa vie. Pour indice, ils évoquent la digitale qui figure sur le fameux Portait du Dr Paul Gachet.
LE PAVOT SOMNIFÈRE (Papaver somniferum)
Contre la douleur
Les Egyptiens mais aussi les Grecs connaissaient «la plante qui amène l'oubli». Homère en témoigne. On prétend que le népenthès qu'Hélène verse dans le vin de Télémaque afin d'apaiser ses chagrins serait du suc de pavot. Le pavot a aujourd'hui une réputation bien sulfureuse. C'est oublier les bienfaits anesthésiants de cette jolie fleur, fort utile dans le traitement contre la douleur. L'industrie pharmaceutique exploite différents alcaloïdes, dont la morphine, antalgique, et la codéine, antitussive.
LA BELLADONE (Atropa belladona)(Gilles Mermet)
Contre les affections de l'œil
La belladone (belle femme en italien) n'est pas si belle que ça. Et en plus, elle est vénéneuse. Les Romaines s'en servaient pour dilater leurs pupilles et se parer d'un regard de braise. La pratique a fait école puisque aujourd'hui encore on utilise en ophtalmologie l'atropine, un alcaloïde extrait de ses feuilles campanulées. Répandue dans nos clairières et en bordure des forêts, Atropa belladona cause un certain nombre d'intoxications. Ses fruits noirs de la taille d'une cerise tentent malheureusement les enfants et des adultes imprudents. Trois petites baies suffisent pour s'empoisonner.
LE COLCHIQUE (Colchicum autumnale)
Contre la goutte
Dès le Ve siècle, le colchique fut utilisé pour traiter les crises de goutte. C'est encore le cas aujourd'hui puisque la colchicine, extraite de ses graines et de ses bulbes, s'avère un anti-inflammatoire spécifique et puissant pour soulager ce mal. Mais sur prescription médicale uniquement. La fleur est trop toxique pour en user en médecine populaire.
LA PETITE PERVENCHE (Vinca minor)
Contre les effets du vieillissement
La petite pervenche - à ne pas confondre avec la pervenche de Madagascar - a toutes les attentions pour nos seniors. La vincamine qu'elle sécrète est une arme importante dans la lutte contre le vieillissement. Elle est intégrée dans de nombreux médicaments, notamment contre les troubles visuels d'origine vasculaire, les troubles de l'audition (acouphène), les accidents vasculaires cérébraux, mais aussi les troubles de l'humeur, de l'attention et de la mémoire.
LA VÉRATRE (Veratrum californicum)
Contre le cancer de la peau
Cette magnifique fleur s'épanouit sous le redoutable soleil californien. Faut-il s'étonner que ses substances soient porteuses d'espoir dans la lutte contre les cancers de la peau ? L'une d'elles, la cyclopamine, a été extraite et modifiée génétiquement pour produire un nouveau traitement encore au stade expérimental contre ces pathologies. Un essai clinique s'est avéré prometteur, les médecins n'ayant observé aucun effet secondaire sérieux.
L'ARMOISE DE CHINE (Artemisia annua)
Contre le paludisme
L'usage traditionnel antipaludéen de l'armoise est attesté en Chine depuis plus de deux mille ans. Il a été validé par plusieurs études cliniques. Ses feuilles recèlent une molécule, l'artémisine, qui a pour effet d'éradiquer les parasites dans le sang. Il est efficace à titre curatif mais non à titre préventif. Pour traiter les formes résistantes du paludisme, les chercheurs ont mis au point des dérivés, dont l'artéméther, plus puissants encore. Mais cette spécialité pharmaceutique coûteuse n'est pas toujours à la portée des malades dans les pays du tiers-monde.
ACONIT NAPEL (Aconitum napellus)
Contre les névralgies faciales
Cette fleur de nos montagnes a belle allure avec son inflorescence de fleurs bleues au sommet de ses hautes tiges. Elle renferme des alcaloïdes dont l'aconitine, un sédatif cardiaque et respiratoire. On l'emploie dans des médicaments contre la toux et comme analgésique dans le traitement des névralgies faciales. Attention, toute la plante est vénéneuse. C'est même une des plus toxiques de notre flore.
L'IF EUROPÉEN (Taxus baccata)(Gilles Mermet)
Contre les cancers du sein, des ovaires, du poumon
Cet arbre extraordinaire dans ses formes alambiquées et dans sa faculté de se régénérer fascinait déjà les Anciens. Dans l'Antiquité grecque, dormir à l'ombre d'un if était réputé mortel, et les Gaulois enduisaient leurs flèches de décoction à base de ses feuilles, graines et écorce. C'est dire si cet arbre à fruits rouges s'était taillé une réputation redoutable. Son écorce n'en recèle pas moins une substance anticancéreuse. Ce don de la nature a bien failli entraîner sa perte. A raison de 10 000 arbres pour 2 kilos de substance, des forêts entières ont été décimées. Il doit son salut au Pr Pierre Potier et à son équipe du CNRS, qui sont parvenus à extraire un précurseur du taxol à partir des aiguilles de l'if européen, Taxus baccata. Depuis, les ifs sont parfaitement protégés et entretenus.
2 - DE GRANDES FLEURS POUR DE PETITS MAUX
Les plantes médicinales opèrent un retour en force. Près de 150 d'entre elles sont en vente libre. Mais toutes ne sont pas si efficaces et certaines peuvent être toxiques. Pour en faire le meilleur usage, suivez notre guide des fleurs du bien: le Pr Jean-Marie Pelt, botaniste, professeur de pharmacie et président de l'Institut européen d'écologie.
L'AUBÉPINE (Crataegus monogyna)
Insomnie, émotivité, insuffisance cardiaque
C'est l'arbrisseau antistress. Ses vertus proviennent de ses fleurs blanches ou roses groupées en corymbes et riches en flavonoïdes. Lesquels ont une action sédative sur le système nerveux et une action régulatrice sur le système cardio-vasculaire. Particulièrement recommandée pour les personnes âgées.
LA VALÉRIANE (Valeriana officinalis)
Troubles du sommeil, stress, migraines
Plutôt gracieuse avec ses fleurs blanchâtres groupées en corymbes, la valériane dissimule ses trésors dans ses racines. Elle fut utilisée dans le passé contre l'hystérie, l'épilepsie et la danse de Saint-Guy. Dotée de propriétés antispasmodiques, antibactériennes, sédatives, toniques, stomachiques, elle se concocte fraîche en teinture ou en gélule. Curieusement, si elle calme les humains, elle excite les félins. L'herbe-aux-chats, ainsi surnommée, ne doit pas se prendre à forte dose ni en permanence.
LE MILLEPERTUIS (Hypericum perforatum)
Dépression modérée, stress, troubles digestifs
Elle chasse les démons et les idées noires. Vaste programme dont se chargent les sommités fleuries, aux feuilles oblongues constellées de minuscules poches. Grâce à ses constituants multiples (flavonoïdes, hypericine...), elle traite la dépression aussi efficacement qu'un antidépresseur de synthèse, avec moins d'effets secondaires. Ce qui a été démontré par des études cliniques. En usage externe, elle a des propriétés antiseptiques et cicatrisantes pour soigner les lésions de la peau. A prendre sans s'exposer au soleil pour éviter toute réaction cutanée. De plus, selon l'Afssaps, le millepertuis réduirait l'effet de certains médicaments cardiotoniques, antirétroviraux, antiasthmatiques et contraceptifs.
LA ROSE DE PROVINS (Rosa gallica officinalis)
Soins de la peau, digestion difficile
Cette séductrice aux pétales veloutés et au parfum suave sécrète une essence aromatique prodigieuse pour apaiser les problèmes intestinaux et traiter les plaies. Tonique et astringente, la reine des jardins s'emploie en tisane contre les maux de ventre et les digestions difficiles, en lotion pour purifier la peau, en compresse froide pour soulager les affections oculaires et en pommade pour adoucir les gerçures des lèvres.
L'HARPAGOPHYTUM (Harpagophytum procumbens)
Douleurs articulaires
Elle doit son surnom, la griffe du diable, à son fruit en forme de grappin, véritable piège pour les animaux. Les tubercules des racines de cette plante originaire d'Afrique du Sud regorgent d'iridoïdes aux effets diaboliques pour traiter les rhumatismes et les arthroses légères.
GINKGO (Ginkgo biloba)
Troubles du vieillissement, circulation sanguine
Contemporain des dinosaures, il a résisté aux intempéries les plus diluviennes, aux bactéries les plus tenaces, aux pollutions les plus acides, et même... à la bombe d'Hiroshima. Mais pourra-t-il résister à son succès? Le ginkgo doit être aujourd'hui largement cultivé afin d'éviter son extinction. Ses feuilles sont riches en ginkgolides, dont l'action anti-inflammatoire préserve notamment des rejets de greffes. Il est en outre préconisé, entre autres, contre les difficultés de concentration, les troubles de la mémoire, mais aussi contre les troubles vasculaires périphériques.
LA PASSIFLORE (Passiflora incarnata)
Anxiété, insomnie, crampes, douleurs menstruelles
En Amérique du Sud, les missionnaires enseignaient la passion du Christ aux indigènes au travers de cette fleur au charme étrange. Sa couronne un peu hérissée évoque la couronne d'épines, les cinq étamines représentent les blessures du Christ et les trois stigmates s'apparentent aux trois clous... D'où son nom de fleur de la passion. C'est aussi une plante sédative, efficace contre l'anxiété, l'insomnie et certains spasmes digestifs.
LA GRANDE GENTIANE (Gentiana lutea)
Inappétence, constipation, fatigue, fièvre
Elle a fière allure avec sa tige robuste et ses pétales d'or étoilés. Originaire des montagnes d'Europe, cette élégante dissimule dans sa racine des principes amers tonifiants, stimulant les défenses de l'organisme, facilitant la digestion ou aiguisant l'appétit. A déguster en tisane ou en sirop.
L'ÉCHINACÉE POURPRE (Echinacea purpurea)
Douleur, rhume, acné, psoriasis, herpès
Cette attrayante marguerite aux reflets lilas se cultive aisément dans nos jardins. Elle est la «guérit-tout» des Indiens d'Amérique du Nord. Antiseptique, antivirale, cette charmeuse stimule les défenses du corps et calme les allergies. Elle s'emploie en tisane, en teinture ou en gélule à titre préventif ou en traitement des rhumes et en pommade pour soulager ou cicatriser les affections cutanées. Par ailleurs, l'échinacée fait l'objet de recherches dans le cadre du traitement du sida.
LA REINE-DES-PRÉS OU ULMAIRE (Filipendula ulmaria)
Etats fiévreux, rhumatismes
On lui doit la panacée, le remède miracle, la potion magique, en un mot: l'aspirine. Celle-ci est une copie chimique de l'acide salicylique présent dans ses sommités fleuries. Diurétique et antipyrétique, elle soulage les manifestations articulaires douloureuses, mais aussi les maux de tête. Elle s'emploie séchée, en infusion ou en sirop.
LA LAVANDE VRAIE (Lavandula officinalis)
Insomnie, migraine, vertige, piqûre d'insectes
La coutume nous vient des Romains: les sachets de lavande se glissent dans les armoires en faisant des vœux d'amour. Outre sa fragrance provençale rafraîchissante et sa touche impressionniste, la belle aux ailes de papillon facilite le sommeil (mais effet inverse en surdose) et la digestion. Antivenimeuse, elle désinfecte plaies et blessures et apaise les piqûres d'insectes.
L'ACHILÉE MILLEFEUILLE (Achillea millefolium)
Cicatrisation, troubles de la digestion
C'est le centaure Chiron qui en livra le secret à Achille: quelques feuilles de millefeuille frottées sur une écorchure stoppent les saignements. La gracile aux senteurs camphrées cicatrise les blessures et calme les démangeaisons. En usage interne, elle soulage les troubles de la digestion. S'utilise fraîche ou séchée, en tisane ou en cataplasme. Déconseillée aux femmes enceintes.
L'ARNICA (Arnica montana)
Ecchymoses, courbatures, brûlures superficielles
Cette marguerite soigne en homéopathie les bleus de l'âme et en phytothérapie les bleus du corps. Elle est uniquement préconisée en usage externe - dangereuse en usage interne - sous forme de crème ou de compresse pour résorber les ecchymoses, soulager les entorses, les courbatures ou les brûlures superficielles. Ne pas appliquer sur des plaies, ni près des yeux et de la bouche.
LE CHARDON-MARIE (Silybum marianum)
Protection du foie, troubles de la digestion
Selon la légende, le chardon-marie a reçu des gouttes de lait de la Vierge nourrissant l'enfant Jésus lors de la fuite en Egypte. Il en aurait conservé ses feuilles luisantes marbrées de blanc. Ses graines renferment de la silymarine, une puissante substance protectrice du foie. Il est recommandé en infusion pour traiter les troubles digestifs. Il est par ailleurs préventif et curatif de certaines intoxications (amanite phalloïde, cadmium, alcool...), mais contre-indiqué pendant la grossesse.
LE COQUELICOT (Papaver rhoeas) (Gilles Mermet)
Toux, insomnie des enfants
Frais ou séché, en tisane ou en sirop, les pétales garance du sémillant coquelicot calment les vilaines toux. A prendre en infusion pour soulager l'asthme ou la bronchite. Recommandé aussi pour favoriser le sommeil des enfants.
3 - POUR ÊTRE BELLE COMME UNE FLEUR
Jeunes filles en fleurs ou belles plantes épanouies, nombreuses sont celles qui s'en remettent à leurs semblables végétales pour en emprunter les secrets de beauté. Pour elles, nous avons sélectionné quelques fleurs connues et moins connues de l'herbier du charme et de la fraîcheur.
LA FLEUR D'OR D'HIMALAYA (Magnolia champaca)(DR)
Pour éliminer les toxines
C'est au Ladakh, aux confins de l'Himalaya indien, que l'ethno- botaniste Xavier Ormancey, directeur de recherche chez Chanel, a déniché cette fleur dorée, à 3000 mètres d'altitude. La fleur orne un arbre majestueux qui résiste aux conditions climatiques les plus extrêmes. Elle est héliotrope et a développé de nombreux métabolites secondaires, composés qui servent à sa protection. Ils sont détoxifiants et énergisants. Les fleurs sont distillées sur place et le nectar recueilli est expédié dans les laboratoires de la marque de cosmétiques qui en extrait, par un procédé de défragmentation, les précieuses molécules. Sur la peau, elles ont pour effet d'éliminer les toxines, qui participent au vieillissement cutané, et de stimuler des enzymes réparatrices. Chanel en a conçu un nouveau produit, l'Essence sublimage, dont le lancement en octobre est promis au succès.
LA FICAIRE (Ranunculus ficaria)
Pour irriguer et assainir
La ficaire est une plante sauvage aux allures de bouton d'or, que l'on croise dans les prairies et en lisière de forêt. Ses racines concentrent des saponosides, qui ont un effet bénéfique et apaisant sur la micro-circulation cutanée. Première plante employée par Yves Rocher, précurseur en cosmétique végétale, c'est la fleur emblématique de la marque. Le laboratoire Yves Rocher, associé à l'université de Genève, poursuit des investigations sur cette plante qui n'a pas livré tous ses secrets.
L'ALOÈS (Aloe vera)
Pour hydrater la peau
Cette variété appartenait déjà à la pharmacopée des Egyptiens, qui l'utilisaient pour soigner les infections de la peau. C'est dire si cette grande plante aux fleurs érigées en épi, protégée d'un écrin de feuilles épaisses et charnues, a fait ses preuves. Les feuilles regorgent d'un suc translucide aux propriétés hydratantes, entrant dans la composition de nombreux produits de beauté. Le gel adoucit la peau et aide à la cicatrisation. Elle soulage les coups de soleil, les brûlures et atténue les effets de l'eczéma.
L'ONAGRE (Oenothera biennis)
Pour prévenir les rides
Cette belle des champs aux pétales échancrés est originaire d'Amérique du Nord. Mais on la croise un peu partout en Europe, sur des terres ensoleillées en bordure des chemins. L'huile extraite de ses graines, riche en acide gras (oméga 6) et en acide linoléique, intéresse les chercheurs. Ces composés contribuent à la préservation de l'élasticité de l'épiderme et à la prévention de l'apparition des rides. L'huile d'onagre est aussi employée pour soulager l'eczéma.
L'EDELWEISS (Leontopodium alpinium)
Protectrice et fortifiante
La ravissante étoile des neiges trône sur les cimes. Elle semble de ouate et de coton. Elle aussi s'est fortifiée de tanins et de flavonoïdes aux propriétés antioxydantes, pour affronter les hivers glacés et les rayons UV de l'altitude. L'industrie cosmétique s'est saisie de ses atours agrémentés d'une image de pureté et de force. Mais la belle est rare, protégée, même si elle est cultivée dans le Valais, en Suisse. Nombre de produits proposés sur le marché contiennent en fait peu d'extraits d'edelweiss.
4 - LES JOLIES FÉES DU LOGIS
Les fleurs ne sont pas seulement un bel ornement odoriférant. Certaines d'entre elles pourraient bien être aussi des dépolluants efficaces. Elles captent des toxiques qui imprègnent les intérieurs pour les décomposer et restituer un air bioépuré. Quelques exemples parmi les plus courantes, les plus décoratives et les plus efficaces.
LE CYCLAMEN DE PERSE (Cyclamen persicum)
Contre le formaldéhyde et le xylène
Qui croirait que cette délicate élégante se nourrit de formaldéhyde et dans une moindre mesure du xylène provenant des produits d'entretien, détergents, tabac, parfum d'ambiance, feutre et encre ? Sa floraison peut durer plusieurs mois, de septembre à avril. Elle apprécie la fraîcheur et une luminosité modérée, mais ne supporte pas les courants d'air, l'humidité prolongée et les variations brutales de température. Un arrosage hebdomadaire suffit à son bien-être.
LA FLEUR DE LUNE (Spathiphyllum wallisii)
Contre le formaldéhyde, le benzène, le trichloréthylène, le xylène, l'ammoniac et l'acétone
C'est sans doute une des plus gourmandes de polluants d'intérieur. Elle absorbe gracieusement et à bon rythme une grande diversité de toxiques. De plus, elle est facile à vivre, se satisfaisant d'une faible luminosité et s'adaptant à toutes les pièces de l'habitation pourvu que la température soit modérée (entre 15 et 22 °C) et le terreau humide.
L'AZALÉE DE L'INDE (Rhododendron simsii)
Contre le formaldéhyde, l'ammoniac et le xylène
Avec son éclosion de feuilles et de fleurs rosâtres, cette éricacée ne manque pas d'attraits. Elle promet une certaine longévité, pour peu que l'on soit prévenant avec elle, avec des floraisons permanentes en automne, en hiver et au printemps. Elle aspire les effluves d'ammoniac dégagés par les produits d'entretien et le tabac, se charge du formaldéhyde contenu dans les meubles en bois aggloméré, les parquets stratifiés, les colles et adhésifs, les papiers peints et tissus muraux, mais aussi les produits de beauté, et inhale également le xylène provenant des peintures et des parfums. De quoi mériter un arrosage régulier (tous les deux jours). Elle apprécie les températures fraîches (entre 10 et 15 °C), les endroits lumineux mais pas trop ensoleillés. Elle tolère parfaitement les cuisines ou les salles de bains.
L' ORCHIDÉE DENDROBIUM (Dendrobium sp.)
Contre le monoxyde de carbone, la fumée de tabac
Gracieuse et raffinée, avec son bouquet fleuri, cette orchidée agrémente et assainit son environnement. Son métabolisme capte et décompose le monoxyde de carbone dégagé par la fumée de tabac, les feux de cheminée, les émanations des appareils de chauffage ou à combustion... tout en restituant de l'oxygène la nuit. Un vrai lutin du clair de lune. D'un entretien facile, elle ornemente le salon ou les chambres lumineuses et se complaît dans des températures modérées moyennant un arrosage généreux.
LE GERBERA (Gerbera jamesonii)
Contre le benzène, le trichloréthylène, le toluène
Amatrice de lieux enfumés, cette marguerite colorée capte aussi le benzène des meubles cirés, le trichloréthylène des détergents, dégraissants et autres solvants et le toluène des isolants (moquettes et tapis). Sur l'aspect décoratif, elle se décline en teintes vives ou pastel. Elle aime le soleil, les températures entre 10 et 21 ° C et les arrosages réguliers. Seul défaut: sa durée de vie est relativement courte et elle est sensible aux pucerons.