;-) clin d'oeil en rébus aux anciens apothicaires
A la manière d'un Mémento, ce Blog rassemble pour mon usage personnel, des Informations, des Liens, des Actualités, des Rappels réglementaires et des Remarques personnelles. Mais comme cet ensemble didactique rapide peut aussi être utile à d'autres pharmaciens d'officine, je le laisse en ligne afin qu'il soit consultable. Et je remercie dès maintenant les éventuels lecteurs qui laisseront des commentaires et leurs remarques pour me permettre de faire les mises à jour nécessaires, les améliorations et les corrections souhaitables.

dimanche, août 25, 2013

Toxicité de l'Aristoloche

L'aristoloche est une plante médicinale chinoise très toxique, toujours commercialisée dans certains pays malgré des intoxications mortelles. Des chercheurs ont découvert une explication (vu dans le Figaro).
L'affaire avait fait grand bruit en Belgique dans les années 1990 : une centaine de femmes ayant suivi un régime amaigrissant à base de plantes chinoises avaient développé des insuffisances rénales terminales à la suite de la substitution accidentelle de Stephania tetandra par Aristolochia fangchi, deux plantes médicinales aux noms chinois très voisins. À la suite de cette terrible erreur qui mit à jour la toxicité rénale jusqu'alors insoupçonnée de l'aristoloche, certaines victimes subirent une transplantation rénale, d'autres furent placés sous dialyse à vie et plus de 40 % de ses femmes ont présenté un cancer urothélial (de la paroi des voies excrétrices urinaires) dans les années qui suivirent.
Si l'acide aristolochique, extrait naturel de la plante Aristolochia, est désormais interdit dans de nombreux pays tels que la France, les États-Unis ou encore Taïwan, jusqu'alors grand consommateur de cette herbe controversée, l'ampleur dans le monde des dégâts dus à ce produit naturel hautement cancérigène reste difficile à évaluer sur le long terme. 

Des millions de cas potentiels en Asie C'est pourquoi les travaux publiés le 7 août dans la revue Science Translational Medicinepourraient aider à mieux en cerner l'ampleur. Dans deux études distinctes, les équipes du Dr Song Ling Poon (Singapour) et du Dr Margaret Hoang (États-Unis) ont étudié les tumeurs de personnes ayant été exposées à l'acide aristolochique. Ils ont ainsi identifié une «signature» moléculaire de l'acide aristolochique qui provoque des mutations génétiques au niveau de l'ADN des patients. Ces mutations, retrouvées chez des patients ayant développé des tumeurs, a permis de constater que des cancers provoqués par l'acide aristolochique avaient été injustement attribués à d'autres agents carcinogènes.
La revue scientifique américaine cite en exemple les cas de cancers des voies urinaires hautes attribués à tort au tabac, ou encore de cancers du foie supposés avoir été provoqués par une hépatite chronique, portant la mutation habituellement rare dite «A-à-T» due à l'acide aristolochique.
Cette signature moléculaire pourrait s'avérer un marqueur utile pour détecter l'exposition à cet agent toxique qu'une autre étude récente, menée par le King's College de Londres, évalue à plusieurs millions de cas en Asie et plus particulièrement en Chine où elle est toujours commercialisée, exposant ces personnes à des risques d'atteintes rénales graves et de cancers de la vessie.
En France, cette plante chinoise n'appartient pas à la Pharmacopée française et son emploi en tant que médicament n'a jamais été autorisé. Cependant, l'ANSM (agence nationale de sécurité du médicament) souhaite attirer l'attention du public sur les dangers liés à la consommation de préparations à base de plantes exotiques non soumises à son aval ou hors des circuits officiels, notamment par correspondance, par démarchage ou sur Internet. 

 g. Aristolochia debilis l'une des formes de l'aristoloche utilisée par la pharmacopée traditionnelle chinoise.