;-) clin d'oeil en rébus aux anciens apothicaires
A la manière d'un Mémento, ce Blog rassemble pour mon usage personnel, des Informations, des Liens, des Actualités, des Rappels réglementaires et des Remarques personnelles. Mais comme cet ensemble didactique rapide peut aussi être utile à d'autres pharmaciens d'officine, je le laisse en ligne afin qu'il soit consultable. Et je remercie dès maintenant les éventuels lecteurs qui laisseront des commentaires et leurs remarques pour me permettre de faire les mises à jour nécessaires, les améliorations et les corrections souhaitables.

jeudi, décembre 29, 2011

Hors-A.M.M.

Loi sur les médicaments : les nouvelles règles du jeu
Par Yves Mamou - Le Figaro du 28/12/2011
Les prescriptions hors autorisation de mise sur le marché (AMM) vont être strictement encadrées.
Peut-on prescrire des médicaments pour d'autres pathologies que celles pour lesquelles ils ont reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM)? La question est importante. D'un côté, les médecins qui recourent à cette pratique sont menacés de sanction mais, de l'autre, ces prescriptions controversées peuvent ouvrir la voie à de nouveaux usages de ces médicaments. D'où le risque, en légiférant, de restreindre les découvertes thérapeutiques: un écueil que la récente loi sur le contrôle des médicaments semble avoir évité.
L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a informé récemment les médecins que le Rivotril ne pourra désormais être prescrit dans une autre indication que l'épilepsie uniquement par les neurologues et les pédiatres sur ordonnance sécurisée. Or, des praticiens l'utilisaient régulièrement pour ses capacités sédatives et anxiolytiques...
Depuis l'affaire du Mediator, où il a été établi que des centaines de personnes sont mortes pour avoir consommé un antidiabétique comme un coupe-faim, le droit des médecins de prescrire un médicament hors AMM est sur la sellette. Cette pratique représente 15% à 20 % des prescriptions de médicaments remboursés. Elle peut atteindre 80 % des ordonnances en pédiatrie, oncologie, gériatrie, psychiatrie et quasiment 100 % dans les maladies rares. Les prescriptions hors AMM portent sur la posologie, la durée du traitement, la population concernée (enfants) ou l'indication. Par exemple, le Baclofène utilisé à raison de 8 comprimés jour contre la sclérose en plaques est prescrit hors AMM à 18 comprimés quotidiens pour aider au sevrage alcoolique.
Liberté de prescription
Les causes de ces prescriptions hors du champ de l'autorisation sont multiples: absence d'alternative thérapeutique, évolution des connaissances, demande de confort du patient, autoprotection du médecin contre un risque généré par un autre médicament… Jean-François Bergman, professeur de thérapeutique à l'hôpital Lariboisière, à Paris, fait valoir que le hors-AMM représente un outil de soin quotidien. «Un fumeur un peu enveloppé, âgé de 50 ans, et victime d'un infarctus doit se voir prescrire des statines. Et pourtant, cette prescription est hors AMM pour la plupart des statines sur le marché.» Il ajoute que le hors-AMM recouvre une telle variété de situations que seule «la formation professionnelle continue des médecins sera en mesure de réduire les dérives».
La lutte contre ces dernières passera ainsi par une plus grande responsabilisation du médecin. La nouvelle loi confirme la liberté de prescription du médecin mais fait du droit du patient à l'information un contrepoids. Le premier devra expliquer au second que sa «prescription pharmaceutique n'est pas conforme à l'autorisation de mise sur le marché», qu'il n'existe pas d'«alternative médicamenteuse appropriée» et préciser «les risques et bénéfices susceptibles d'être apportés par le médicament». En outre, le médecin devra mentionner «prescription hors AMM» (autrement dit «non remboursable» sur l'ordonnance - ce qu'il ne faisait jamais auparavant) - et motiver sa prescription dans le dossier médical du patient. S'il ne respectait pas ces nouvelles dispositions, sa responsabilité civile et pénale serait engagée.
Le texte de loi a été clairement pensé pour réduire les dépenses en médicaments de l'Assurance-maladie sans pour autant brider l'innovation thérapeutique. Ainsi, dès qu'une prescription hors AMM paraîtra conforme à l'évolution des connaissances, l'Afssaps pourra édicter une recommandation temporaire d'utilisation (RTU). À l'instar des autorisations temporaires d'utilisation (ATU) des milieux hospitaliers, ces RTU légitimeront les pratiques des médecins de ville et autoriseront le remboursement du patient par l'Assurance-maladie.
Pas de géant dans la connaissance du patient
Mieux, le laboratoire propriétaire de la molécule se verra demander de financer de nouveaux essais cliniques qui donneront lieu - ou pas - à une extension de l'AMM initiale. Pour les molécules tombées dans le domaine public, les essais cliniques pourront être financés sur fonds publics.
Le Pr Hubert Allemand, médecin- conseil national de Cnam, pointe avec plaisir l'article 20 de la nouvelle loi qui «fait obligation aux laboratoires de surveiller l'usage qui est fait de leur médicament». Dès qu'une pratique hors AMM sera constatée, les laboratoires devront informer l'Afssaps, qui édictera ou non une RTU. Le Pr Allemand se garde bien de chiffrer les économies attendues pour l'Assurance-maladie.
En revanche, la Cnam est en passe d'accomplir un pas de géant dans la connaissance du patient. Elle qui remboursait jusqu'à présent en aveugle les prescriptions pourra deviner les maladies soignées rien qu'à la lecture des ordonnances. Une forme du secret médical a vécu.

mercredi, décembre 07, 2011

Les règles à respecter en matière de concurrence à l'officine (DGCCRF)

12/10/11
(UTIP FPC)

Les règles à respecter en matière de concurrence à l'officine (DGCCRF)

Avec 3000 agents répartis sur l'ensemble du territoire, la Direction Générale du Commerce, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) dispose d'un réseau de surveillance organisé des commerces et des entreprises. Leurs rôles sont de permettre le libre jeu de la concurrence, veiller à la qualité et à la sécurité des produits distribués et protéger les intérêts économiques du consommateur.

La vocation de la DGCCRF se veut d'être pédagogique et non répressive. En effet, il est fréquent d'avoir un rappel de la réglementation pour mise aux normes avant sanction. Néanmoins, voici un rappel des différentes règles à respecter à l'officine afin d'aborder un éventuel contrôle dans de bonnes conditions.

Quelles sont les pratiques commerciales à respecter à l'officine ?

Lors d'un contrôle à l'officine par la DGCCRF, voici les points qui seront vérifiés :

  • tout d'abord la DGCCRF s'assurera du fait que vous ne revendiez pas à perte les produits dont le prix de vente est libre. En effet, l'article L442-4 du Code du Commerce sanctionne le commerçant qui revend ou annonce la revente « d'un produit en l'état à un prix inférieur à son prix d'achat ».
  • d'autre part les « agents de Bercy », autrement dit les agents de contrôle de la DGCCRF, vérifieront vos pratiques en matière de réductions de prix (promotions...). Effectivement les produits concernés par de telles ristournes doivent être munis d'une étiquette indiquant le prix réduit proposé mais également le prix de référence. Attention, le prix de référence est le prix le plus bas pratiqué dans votre officine au cours des 30 derniers jours précédant cette offre promotionnelle. Vous devez d'ailleurs être en mesure de justifier auprès de la DGCCRF ce prix de référence par des bons de commande, tickets de caisse, notes...
  • de plus, et de façon plus stricte, la DGCCRF contrôlera un point essentiel, à savoir le respect des marges pratiquées dans la vente des médicaments remboursables. En effet, selon l'article L138-9 du Code de la Sécurité Sociale, sachez que les « remises, ristournes et avantages commerciaux et financiers de toute nature (y compris les rémunérations de services comme les contrats de coopération commerciale) accordés par un fournisseur de médicaments remboursables doivent être inférieurs ou égaux, par année civile et par ligne de spécialités, à 2.5% du Prix Fabricant Hors Taxe (PFHT) de ces produits. Ce plafond est poussé à 17% pour les génériques et les médicaments soumis à TFR (Tarif Forfaitaire de Responsabilité).
    Attention, n'oubliez pas que depuis le 05/01/2008, les marges « arrière » sont interdites par la loi. La DGCCRF vérifiera également le respect du délai légal de paiement des fournisseurs (loi de modernisation de l'économie du 04/08/2008).

Enfin, sachez qu'il est anticoncurrentiel de proposer ristournes, offres et autres avantages à tout assuré ou structure médicale concernant la fourniture de produits pharmaceutiques. Ainsi, l'article 377-2 du Code de la Sécurité Sociale sanctionne toute officine qui tente par un moyen quelconque, d'attirer ou de retenir ces mêmes assurés.
De même, il est considéré par la DGCCRF comme « entrave à la concurrence » le fait de boycotter un fournisseur, par exemple suite au mot d'ordre d'une association professionnelle, ou encore de pratiquer des ententes entre confrères ou tout abus de position dominante, ce qui pourrait fausser le fonctionnement du marché.

Quels sont les points à respecter en matière d'affichage à l'officine ?

Tout d'abord, comme le stipule l'arrêté du 26/03/2003, il existe un certain nombre de règles qui doivent être appliquées concernant l'affichage des prix des médicaments non remboursables, à savoir :

  • vous devez disposer d'un « catalogue comportant les prix des médicaments non remboursables soumis à prescription médicale obligatoire » qui sont en stock à l'officine. Ce catalogue peut être sous format papier ou électronique, le plus simple et le plus sobre possible (éviter les couleurs, symboles, signes distinctifs qui pourraient être considérés comme une incitation à la consommation), mais doit surtout pouvoir être consulté par tous à tout moment. Vous devrez le mettre à jour au moins une fois par mois. Sachez que selon l'article 5 de cet arrêté, la page de titre doit comporter les éléments suivants :
  • la mention « les prix TTC des médicaments non remboursables soumis à prescription médicale obligatoire habituellement détenus dans l'officine » ;
    - la date de la dernière mise à jour ;
    - la mention suivante : « En raison de contraintes d'approvisionnement ou lorsque le médicament n'est pas immédiatement disponible à l'officine, son prix de vente peut exceptionnellement être différent du prix inscrit sur le catalogue. Dans ce cas, le pharmacien vous informe de cette différence de prix avant l'achat. »
  • vous devez apposer une étiquette de prix (TTC) sur le conditionnement des médicaments non remboursables qui ne sont pas exposés dans la surface de vente.
  • le prix TTC des médicaments non remboursables qui sont à la vue du public doit être affiché de façon claire et lisible (privilégiez les gros caractères).
  • selon la réglementation en vigueur, vous êtes dans l'obligation d'afficher dans l'officine de façon visible ceci : « Le prix des médicaments non remboursables est libre. Vous êtes informé des prix pratiqués dans l'officine pour ces médicaments par affichage ou étiquetage et, pour les médicaments non remboursables soumis à prescription médicale obligatoire, par un catalogue librement accessible au public. »

D'autre part, certains points régissent l'étiquetage des produits préemballés vendus à l'officine (denrées alimentaires comme les produits diététiques, de régime, pour nourrissons et enfants en bas-âge et denrées non alimentaires comme les savons de toilette, dentifrices, produits pour le bain, soins de la chevelure, produits pour le rasage, eaux de toilette, lotions d'hygiène corporelle et produits solaires), à savoir que l'étiquette de prix doit présenter :

  • le prix de vente au kilogramme, à l'hectogramme, au décilitre ou au litre ;
  • la quantité nette délivrée ;
  • le prix de vente correspondant.

Pensez à vous adresser directement à la DGCCRF (www.economie.gouv.fr/dgccrf ouwww.dgccrf.bercy.gouv.fr) pour connaître et avoir plus de précisions sur la réglementation en vigueur, disposer de fiches pratiques. Vous pouvez également contacter, au niveau des préfectures du département la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) ou la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP). Par contre, pour des aspects de pratique restrictive de concurrence, il vous est conseillé de consulter la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (DIRECCTE).
Les syndicats pharmaceutiques informent de façon régulière leurs adhérents des évolutions réglementaires.

Dernier point, sachez que le pharmacien reste également mis à contribution au niveau des alertes à la DGCCRF. En effet, en tant que distributeur, vous êtes dans l'obligation de déclarer tout information relevant de cette instance (par exemple, concernant la sécurité des compléments alimentaires dont 1 dispositif national de vigilance a été mis en place par l'AFFSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) : si la composition n'est pas conforme aux doses nutritionnelles ou physiologiques, vous devez en référer à la DGCCRF).

Quelles sont les sanctions encourues par le pharmacien en cas de non-respect de ces règles ?

En cas de constat d'infraction(s), les agents de la DGCCRF sont susceptibles d'établir un procès verbal. En général, il est dans un premier temps adressé au titulaire de l'officine un rappel de la réglementation en vigueur accompagné de la liste des points à corriger. Ces points seront à nouveau vérifiés lors d'un deuxième passage des contrôleurs de la DGCCRF ; si le titulaire ne s'est pas mis en conformité, il sera sanctionné.
Les sanctions peuvent être de 3750 à 75 000 euros d'amende par infraction constatée, ainsi qu'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à 6 mois.

Points à retenir

Toute pharmacie, comme tout autre commerce, est susceptible de faire l'objet de contrôles de la DGCCRF.

La DGCCRF vérifiera que le pharmacien ne revend pas de produit(s) à perte, que les pratiques en matière de promotions sont légales ainsi que le les marges pratiquées dans la vente des médicaments remboursables sont respectées.

Elle s'assurera que l'affichage des prix au sein de l'officine est réglementaire, pour les médicaments non remboursables et les produits préemballés.

Le titulaire doit mettre à disposition de la clientèle un catalogue référençant les prix des médicaments non remboursables, qui doit être mis à jour régulièrement.

Le pharmacien se doit de communiquer à la DGCCRF tout élément suspect relevant de cette instance.

Le titulaire est susceptible d'avoir une amende voire une peine d'emprisonnement par les agents de la DGCCRF.

Le Moniteur des Pharmacies - cahier I- Actualité- n° 2511 du 22/11/2003

Références bibliographiques

1015 UVD 11 F 2574 IN

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