J'ai récemment eu l'occasion d'être questionné sur sujet. J'avoue avoir été un peu limité sur le sujet... trop habitué à vivre en ville sans doute! Il fallait faire le point.
Il faut d'abord rappeler les précautions de bon sens qui sont à privilégier par les promeneurs :
- Faire du bruit en marchant pour éloigner les vipères qui sont peureuses et ne sont agressives que si elles sont surprises.
- Portez des chaussures fermées, des chaussettes et des pantalons longs pour aller marcher dans les domaines rocailleux des vipères.
- Regardez où l'on met ses pieds et son séant!
~~~
Hormis le seul risque grave du choc anaphylactique, une morsure de serpent n'est pas hautement mortelle. La toxicité du venin est dose-dépendante. Plus de 50 % des victimes de morsure de vipère ne présentent que des symptômes locaux. Une envenimation modérée à sévère se produit dans environ 30 % des cas.
En France métropolitaine, les vipères seules sont dangereuses. Leurs morsures douleureuses peuvent provoquer des nausées, des vomissements, des maux de tête, des troubles de la vision, des sensations de faiblesse ou d'engourdissement au niveau des membres. Le principe de base est de tout faire pour ralentir la diffusion du venin. Ces symptômes peuvent être amplifiés par l'angoisse. La douleur n’est en aucun cas un facteur de gravité. En revanche, l’importance de l’œdème local idonne une bonne indication de la gravité de l’envenimation.
Tout ce qu’il faut faire :
1 - rassurer la victime bléssée car même en l'absence de soins immédiats, il n'y a pas ou très peu de risques mortels.
2 - l'allonger pour limiter le plus possible la diffusion du venin (position latérale de sécurité en cas de perte connaissance).
3 - nettoyer à l'eau et au savon, puis de désinfecter avec un antiseptique (pas avec de l'alcool).
4 - rafraîchir avec de la glace, mise dans un sac plastique couvert d’un linge (anti-inflammatoire et antalgique),
5 - contacter les services médicaux d'urgences et signaler l'endroit et les circonstances de la morsure, le type du serpent, l'heure de la morsure et la description des symptômes.
6 - L'utilisation d'un Aspivenin®, s'il est inutile en cas de morsure profonde, n’est pas dangereux et surtout permet de rassurer la victime...
Il ne faut pas :
- Céder à la panique,
- Courir (ce qui augmente la fréquence cardiaque),
- Poser de garrot,
- Sucer la morsure (rougeurs + marque des deux crochets),
- Inciser la plaie qui favorise la diffusion du venin,
- Injectez un sérum antivenimeux
Les venins des vipéridés européennes sont constitués d'un mélange de protéines ayant une activité enzymatique. Le pic de distribution plasmatique du venin est atteint entre 30 minutes et 4 heures. Le temps de demi-vie du venin est de 8 heures. Les polypeptides sont des enzymes protéolytiques: hydrolase peptidique, hyaluronidase, phospholipase A2, phosphodiestérase, oxydase d’acide L-aminé. L’activité protéolytique de ces enzymes est à l’origine des lésions tissulaires, capillaires et de la coagulopathie, observées après les envenimations. La hyaluronidase permet la dispersion du venin dans les tissus sous-cutanés. Les enzymes induisent la libération d’histamine, de bradykinine, des prostaglandines et de sérotonine qui provoquent les lésions locales les plus fréquement observées. Des troubles gastro-intestinaux peuvent survenir 30 minutes à quelques heures après la morsure. Les symptômes plus étendus éventuels, cardiovasculaires et respiratoires, sont plus tardifs. Les réactions anaphylactiques sont rares. Les troubles de la coagulation sont exceptionnelles et les plus graves comme les réactions neurotoxiques que l'on observe avec les vipères du Sud de l’Europe.
Degré de gravité de l’envenimation. Grade / Envenimation / Symptomatologie
0 /Absente /Marque de crochets Pas d’œdème ni de réaction locale
1 /Minime /Œdème local Pas de signes généraux
2 /Modérée /Œdème régional et /ou Signes généraux peu intenses (hypotension passagère, vomissements, diarrhée …)
3 /Grave /Œdème extensif atteignant le tronc et /ou Signes généraux sévères (hypotension prolongée, choc, hémorragies …)
En France, l'immunothérapie antivipérine, reservée à l’hôpital sous le nom de Viperfav®, est composée de fragments purifiés d’anticorps actifs contre les venins de Vipera aspis, Vipera berus et Vipera ammodytes.