;-) clin d'oeil en rébus aux anciens apothicaires
A la manière d'un Mémento, ce Blog rassemble pour mon usage personnel, des Informations, des Liens, des Actualités, des Rappels réglementaires et des Remarques personnelles. Mais comme cet ensemble didactique rapide peut aussi être utile à d'autres pharmaciens d'officine, je le laisse en ligne afin qu'il soit consultable. Et je remercie dès maintenant les éventuels lecteurs qui laisseront des commentaires et leurs remarques pour me permettre de faire les mises à jour nécessaires, les améliorations et les corrections souhaitables.

samedi, février 28, 2009

Classement comme stupéfiants de substances cannabinoïdes contenues dans le « SPICE

La ministre de la Santé et des Sports a décidé de classer comme stupéfiant un ensemble de substances cannabinoïdes (JWH-018, CP 47,497 et homologues (C6, C8 et C9) et HU-210) par arrêté publié au Journal officiel du 27 février 2009. Le classement intervient en raison des propriétés pharmacologiques, des effets psychoactifs et du potentiel d’abus et de dépendance de ces substances. Cette décision fait suite à la proposition de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) après avis de la Commission nationale des stupéfiants et des psychotropes.
En 2008, le réseau des Centres d’Evaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance et d’Addictovigilance (CEIP-Addictovigilance) de l’Afssaps a reçu des signalements sur des mélanges de plantes utilisés comme substitut du cannabis. Ces mélanges sont vendus comme encens sur plusieurs sites Internet, notamment sous les noms de «Gorilla», «Spice» et «Sence».
Face à l’intérêt croissant du public pour ces produits, comme en témoignent les forums de discussion sur Internet, l’Afssaps a engagé, en lien avec la DGS, une enquête visant à évaluer les effets psychoactifs et le potentiel d’abus et de dépendance de ces mélanges.
Il s’agit d’une analyse des données disponibles en France et à l’étranger, y compris de la littérature. L’enquête a été réalisée par le CEIP-Addictovigilance de Caen. Aucun cas d’exposition ou d’intoxication n’a fait l’objet d’un signalement en France actuellement.
L’analyse des échantillons collectés ou saisis en France n’a pas détecté de delta-9-THC, principe actif du cannabis. En revanche, les analyses ont mis en évidence la présence de plusieurs cannabinoïdes de synthèse qui possèdent le même mécanisme d’action pharmacologique que le delta-9-THC.
Les cannabinoïdes identifiés dans le «Spice» en France, en Allemagne et aux Etats-Unis sont les suivants : JWH-018 / CP 47,497 et ses homologues (C6, C8 et C9) et HU-210.
Ces cannabinoïdes présentent :
- le même mécanisme d’action que le delta-9-THC à l’origine des effets psychoactifs, avec une intensité d’action aussi importante voire supérieure à celle du delta-9-THC ;- un potentiel d’abus et de dépendance mis en évidence par des études expérimentales chez l’animal.
Plusieurs pays, notamment l’Allemagne et les Etats-Unis, ont pris récemment des mesures de contrôle concernant une ou plusieurs de ces substances.
Compte tenu de ces éléments et des risques sanitaires liés à la consommation de ce type de produits, la Commission nationale des stupéfiants et des psychotropes (CNSP) du 19 février 2009 s’est prononcée en faveur de l’inscription sur la liste des stupéfiants des substances suivantes : JWH-018 / CP 47,497 et ses homologues (C6, C8 et C9) et HU-210. La proposition faite par l’Afssaps sur cette base a été retenue par la ministre de la Santé.

Afssaps : Bureau de presse - Tél. 01 55 87 30 33/30 22 - presse@afssaps.sante.frDGS : Laurence Danand - Tél. 01 40 56 52 62 - laurence.danand@sante.gouv.fr

samedi, février 21, 2009

Ecstasy, un danger pour les neurones

L'ecstasy (3,4-méthylènedioxymethamphétamine, MDMA) est devenue une drogue très populaire, largement utilisée par les jeunes occidentaux. Comme pour le cannabis, outre les problèmes de dépendance et de troubles sociaux, la question d'une éventuelle neurotoxicité se pose. En effet, plusieurs travaux réalisés chez l'homme et l'animal ont suggéré que l'ecstasy pouvait avoir une activité toxique sur les neurones sérotoninergiques. Celle-ci reste difficile à prouver en raison de nombreuses limites méthodologiques comme celles liées aux caractéristiques de la population consommatrice de stupéfiants. Pour répondre à cette question, il faudrait comparer des populations de sujets consommateurs et non consommateurs tout en sachant qu'il peut exister des biais de sélection. Le problème étant d'importance, une équipe d'Amsterdam (évidemment !) a développé un programme d'évaluation très ambitieux, la Netherlands XTC Toxicity (NeXT) study.
Cent quatre vingt-huit sujets non consommateurs (âge moyen 21,7 ans) mais à risque ont été recrutés et ont reçu une indemnité de 150à150 EUR. Ils ont bénéficié d'une évaluation en imagerie anatomique et métabolique exhaustive reposant sur le [123I]b-carbomethoxy-3b-(4 -iodophenyl)tropane (CIT) SPECT qui est une scintigraphie cérébrale permettant d'évaluer la transmission sérotoninergique, la 1H-MR spectroscopie qui apprécie le fonctionnement neuronal, l'imagerie en tenseur de diffusion et la tractographie, utilisées pour évaluer l'intégrité des fibres axonales et enfin, l'imagerie de perfusion qui quantifie la perfusion des différentes régions cérébrales.
Après une période médiane de 17 mois, 59 de ces sujets avaient consommé de l'ecstasy et ont été comparés à 56 restés non consommateurs. Contrairement à l'hypothèse de départ, il n'a pas été objectivé d'impact sur la transmission sérotoninergique et le métabolisme neuronal. Par contre, les anomalies observées en imagerie de diffusion et de perfusion sont en faveur d'une atteinte de la microvascularisation cérébrale et de l'intégrité axonale. Cette étude confirme l'existence d'une certaine neurotoxicité de l'ecstasy, même à faible dose. Mais, le design de cette étude ne permet de savoir si les anomalies observées régressent à l'arrêt de la consommation.
de Win MM et coll. Sustained effects of ecstasy on the human brain: a prospective neuroimaging studyin novel users. Brain. 2008 ;131 : 2 936-45.

18/02/09(JIM)Dr Christian Geny